DIMANCHE EST IL JOUR DE REPOS DANS LA TRADITION BASSA?
Dans le calendrier « modernisé » Bassa, dimanche
est appelé « ngwanoy » ce qui se traduirait par : « jour de
repos ». Cela doit donc pouvoir impliquer que les Bassa se reposaient le
dimanche ? La réponse est non : les bassa ne connaissent pas un
septième jour dans la semaine consacré au repos. L’existence du dimanche ainsi que
sa signification ont été introduites dans notre culture par l’avènement du
christianisme. Comme c’est presque le cas dans presque tous les domaines, nos
intellectuels, qui pour la plus part ont été formés dans des institutions confessionnelles,
autant que faire se peut, essaient toujours d’adapter la langue et la culture
Bassa aux langues et civilisations occidentales. Ce qui a pour conséquence de
tuer notre culture et son originalité. Tenez
par exemple cette notion des journées donc la durée est de vingt-quatre heures
LE JOUR CHEZ LES BASSA
Chez les Bassa le jour commence avec lever du soleil et
s’achève avec le coucher du soleil rien donc à avoir avec la journée de 24
heures qui commence à une heure du matin et s’achève à minuit. Sommes-nous
obligés de vivre avec ce système horaire ? Les Chinois non.
Voici en langue bassa les différents segments d’une journée :
·
Aube = mayè ma kèl autrement dit naissance du
jour
·
Matin = kègla
·
Midi = kosi d’autre Bassa
·
Après-midi = buga djob c’est-à-dire le tomber du
soleil quand le soleil commence à décliner
·
Soir = kôkôa ou coucher du soleil quand le soleil
disparaît à l’horizon
LA NOTION DU MOIS CHEZ LES BASSA,
Mois veut dire « sôñ » chez les Bassa. Mais en
réalité c’est la lune, que les bassa appellent «sôñ ». Les bassa se
réfèrent alors à la lune pour compter les mois. A chaque apparition de la lune
ils savent avoir entamé un autre mois. Le calendrier traditionnel Bassa est
donc lunaire
Le système de
comptage des mois est le suivant : quand nous sommes en fin du mois de
janvier par exemple, (calendrier occidental), à l’apparition de la lune, les
bassa disent «sôñ i ba a nta » c’est-à-dire, le deuxième mois a
apparu. L’autre mois commence donc avec l’apparition de la lune. Chez les Bassa,
les activités sont pratiquement arrimées à l’apparition et l’extinction de la
lune. Dans notre civilisation, nous pouvons suivre l’évolution d’un mois en
observant la variation physique de la lune et le moment de son apparition dans
la nuit :
-
MATA MA SOÑ Au début du mois, c’est-à-dire
lorsque la lune n’est qu’un quartier, semble à un arc-en-ciel ; la lune est alors visible dès le coucher du
soleil et est moins ou cesse d’être visible au milieu de la nuit.
-
MABOYENE MA SOÑ : quand la lumière de la
lune est zénithale. On dit alors que sôn i bôô. Cette période correspond au
milieu du mois Bassa
-
LIBOÑ LI SOÑ ou la pleine lune
apparait tardivement vers les vingt heures et se couche tardivement on dit que
sôñ i nkè libôñ ou bien sôñ i yé libôñ
-
SOÑ I NSOLOB qui voudrait dire « la
lune s’est cachée), on peut aussi dire : « sôñ i nkè i
djiibe » c’est-à-dire la lune est entrée dans les ténèbres. en vérité elle
apparaît vers les une heure du matin et n’est donc pas visible en début de la
nuit. Cette période correspond à la fin du mois chez les Bassa.
A chaque apparition de la lune,
les Bassa comptent :
·
Sôñ bisu = premier mois
·
Sôñ i ba = deuxième mois
·
Sôñ i aa = troisième mois
·
….
L’ANNEE CHEZ LES BASSA
Dans la langue on appelle l’année « Nwii ». nwii
peut tout aussi se traduire par « quartier ou partie) par exemple « nwii libél ou quartier de
kola » ; côte ou rive exemple
nwii lép. Nwii est donc chez les Bassa une fraction du temps. Dans la culture
Bassa, l’année ne se mesure pas en nombre de mois ou de semaine mais par des
périodes ou des saisons. La saison la plus indiquée et la plus observée était
le « sép » ou saison sèche qui correspondrait un peu à l’hiver dans
le calendrier occidental sauf que la période appelée hiver chez les Bassa est
plus tôt chaude. Ainsi donc, d’un sép à un autre on parlait de nwii. Les Bassa savaient
que l’année était organisée en périodes cycliques pendant lesquelles le climat
ou la température observés, restaient quasiment constants.
Pendant l’année les saisons les plus observées dans le
calendrier traditionnel bassa sont :
-
Ngéda sép = période de grande sécheresse
-
Ngéda yômbôl = période de grande récolte
-
Ngéda lisèè = période de grands semis
-
Ngéda nop = période des pluies
-
Ngéda hikañ = période de petite sécheresse
-
Ngéda ndjéba = période de petits semis
DE TOUTES CES PÉRIODES, LE « SEP », D’UN SEP A UN
AUTRE, REPRÉSENTAIT UNE UNITE DE TEMPS
ASSIMILABLE A UNE ANNÉE DANS LE CALENDRIER OCCIDENTALE.