jeudi 9 février 2017

LELENA I LIKIL OU L’EXPÉDITION PUNITIVE DES PARENTS DE LA FILLES


QUAND LE MARIAGE N’ETAIT PAS FAIT DANS LES RÈGLES

Souvent chez les basa’a, il arrivait que deux jeunes gens qui n’avaient pas reçu la bénédiction de leurs parents, surtout des parents de la fille, se mettent quand même en ménage. Alors la famille de la fille, blessée, souillée, organisait une expédition dans le village de leur futur gendre pour un baroud d’honneur appelé LELENA I LIKIL 



COMMENT ÇA SE PASSAIT


A une date fixée par les deux tourtereaux, le garçon, qui se faisait parfois accompagner par un ou deux de ses cousins, se rendait nuitamment au village de la fille et à l’heure H, la jeune fille le rejoignait quelque part et, ensemble, ils repartaient tout aussi furtivement vers le village de son fiancé, qui allait devenir désormais le sien. On dit alors en basa’a :
« A NKE I M'BOM » (une expression déshonorant )
C’est-à-dire qu’elle est partie sans consentement des parents et surtout sans dot ni cérémonies de mariage. Chez les basa’a, des milliers de couples se sont ainsi formés.
Evidemment, si dans la famille du garçon c’était l’allégresse, car celle-ci venait de s’agrandir.
Dans celle de la jeune fille, le lendemain matin, quand on découvrait l’absence de la petite écervelée, les parents inquiets, devaient à tout prix retrouver leur fille. Après l’avoir localisée, la famille de la fille organisait alors  le lèlèña i likil c’est-à-dire « UNE EXPEDITION POUR UNE DOT FORCEE »

OBJECTIFS du LELENA LIKIL

Le lèlèña likil poursuivait 3 objectifs :
- Les parents voulaient s’assurer que leur fille était bien vivante, en bonne santé et qu’elle se trouvait effectivement au lieu indiqué (le savoir les rassurait et c’était un moindre mal)
- Les parents de la fille voulaient Infliger des représailles à la famille du garçon : pour leur montrer leur mécontentement pour leur faire payer tout le mal que celle-ci les a imposé en enlevant leur fille. Chez les Basa’a, prendre une fille sans consentement de sa famille, n’était pas considéré comme enlèvement. Pas dans le sens de la loi de nos jours.
- Les parents de la fille devaient Nouer des relations avec la famille qu’a choisie leur fille car malgré que cette façon de prendre la fille d’autrui en mariage sortait de l’ordinaire, chez les basa’a c’était connue et acceptée.

COMMENT SE PASSAIT LE LELENA LIKIL ?

Des jeunes hommes robustes, du village, réputés pour leur force de caractère et physique, cousins de la jeune fille, constituaient une équipe, et se rendaient dans le village où leur cousine « se cachait »
Arrivé dans ce village encore « ennemi », nos expéditionnaires se lançaient alors dans une opération d’extermination des animaux domestiques dans le village ; ils massacraient alors toutes les bêtes qui croisaient leur chemin, sans distinguer à qui appartenaient celles-ci. Ils devaient causer le plus grand nombre de dégâts possible, jusqu’à ce que la famille qui cachait leur cousine , vienne engager des pourparlers avec ces « enragés ».
Les faire accepter un siège, était le plus compliqués ; quand ceci était fait et qu’ils s’étaient calmés, la jeune fille pouvait alors sortir pour saluer ses frères. 
Pour calmer ces expéditionnaires, on faisait appel à un fin négociateur.
Commençait alors les pourparlers :
- Les faire accepter la kola et le vin de palme en guise de « cesser le feu »
- Fixer une date pour aller rencontrer la famille de la fille, afin de faire sa demande en mariage en bonne et en due forme.
- Présenter le futur époux de la fille à sa famille

C’ETAIT LA, UNE AUTRE FAÇON DE NOUER LES RELATIONS DE MARIAGE CHEZ LES BASA’A

Dès cet instant, bien que la dot n’ait pas encore eu lieu, les deux familles devenaient unies par les liens de mariage de leurs enfants

2 commentaires:

  1. Et que se passait il si le jeune homme s'était enfui avec la fille et que celle ci était enceinte,et avait accouché d'un garçon?l'enfant appartenait à quelle famille?que fallait il faire pour tout remettre en ordre?

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    1. chez les Basa'a un enfant appartient à son père et le mariage était consommé dès lors la fille avait aménagé au domicile du garçon dans son village. dès lors tous les enfants né de cette union sont légitimes du point de vue de la coutume basa'a

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