mardi 28 février 2017

TJÔN DI NDJE OU L’HISTOIRE DE LA FEMME QUI VOULAIT DOMINER SON MARI




C’est une dame qui voulait à tout prix dominer son époux, pour contrôler jusqu’à ses moindres mouvements. C’est ainsi, qu’un matin, elle alla consulter un féticheur, un des mieux réputés de la contrée,  à qui elle confia sans détour :

« Je voudrais pouvoir dominer mon mari, dans mon foyer être celle qui décide, rien ni personne d’autre ne doit compter aux yeux de mon mari ; ».

 Le marabout resta quelques instants, pensif, puis lui répondit :

« Ceci me semble techniquement difficile à réaliser car ça demande beaucoup de moyens ».

« Peu importe, le prix », rétorqua la très déterminée dame.

Le vieil homme réfléchit un moment et dit :
 « vas donc, et ramène moi quelques poils de ceux qui sont situés juste au milieu de la tête d’un lion, alors, moi, je ferai de toi, la reine de ton mari ».

Déterminée, la femme rentra chez elle, cogita pendant quelques jours, et finalement, se mit en quête d’une tanière, qu’elle repéra près d’un rocher. A partir de là, elle usa de mille stratagèmes qui lui permirent, non seulement de se rapprocher d’une lionne qui venait de mettre bas, mais surtout de la toucher sans aucun danger, et finalement, elle parvint à lui prélever quelques poils, qu’elle ramena très vite, au vieil homme. Le vieil homme, resta quelque peu étonné et finalement demanda à la dame de lui raconter comment elle s’y était prise. La femme conta son histoire. Le vieil homme sourit et dit :
« Ma fille, rentre chez toi, tu n’as pas besoin d’aucune magie, si tu as trouvé moyen de dompter un lion, tu as tout ce qu’il faut pour dompter un homme. Vas, utilise les mêmes ruses, sois patiente avec ton mari, de cette manière il sera à toi sans aucun partage ».


POUR DOMPTER UN HOMME, POINT DE MAGIE, JUSTE DE LA PATIENCE, CALINS ET SOURIRES MATIN, MIDI ET SOIR. ET VOTRE HOMME SERA A VOUS

dimanche 26 février 2017

BUK I BISU OU LA RECOMMANDATION DE LA MÈRE GIRAFE A SA FILLE



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                         "NGÔLÔN"


VOICI DONC CE QUI ARRIVA

Un matin, « Ngôlôñ », la girafe envoya sa fille, chercher du feu au domicile de « ndjé », le lion ; mais, avant de partir, la mère prit soin, de faire cette recommandation à sa fille :

« te voilà qui te rends chez « ndjé » le lion, sois attentive et écoute ses premières paroles et rapporte les moi fidèlement ».
L’enfant arrive chez le lion et lui dit bonjour ; le lion reçoit le bonjour avec enthousiasme et demande : « mais où diable votre famille habite-t-elle ces derniers temps ? » ;
« Nous habitons sous ce grand arbre là-bas »,
 le lion cligna ses yeux avec malice, dit à l’enfant de prendre du feu.
L’enfant prit le feu et s’en fut chez sa maman.
« Quelles paroles, « ndjé » le lion a-t-il prononcées » ? interrogea,  « Ngôlôñ » la panthère. A mon arrivée, après l’avoir salué, il m’a demandé où est-ce que ma famille et moi logions ces temps derniers » rapporte la fille.
 « et lui as-tu indiqué l’endroit où nous logeons ? », s’inquiéta la mère « Ngôlôñ » la girafe.
« oui, maman, je le lui ai indiqué », répondit la fille
« Vite, ordonna la mère girafe, laisse là ce feu et foutons le camp d’ici »
 La fille et la mère s’empressèrent de quitter les lieux.
Quelque temps plus tard, quand « ndjé » le lion arriva sous le grand arbre, il constata avec regrets que le lieu était vide

Quand nous rencontrons une personne, écoutons attentivement ses premières paroles, restons attentif à son premier sourire, à son premier battement de cils, car les premières paroles, les premiers sourires nous renseignent sur les attitudes, sur les dispositions des autres envers nous.

SAGESSE BASA’A


I LENA LE:

Kèkla yada,ngôlôǹ a èb man le a kèè yoǹ hiéé i mbai ndjé, ndi a béhe nyelè : « wè nu u nke yag ndjé, séd ô woǹ u tibil èmble bug i bisu i ndjé a kal we, u témb ni mbus u kal me yo ».
Ki mange a pam ndab ndjé a yéga nyè, ndi ndjé a bat nye lè :
« baa bé bo ngôlôǹ ni yiine hèè bi lèn bini ? »
Man ngôlôǹ a timbhe nye le : « di yiine haa isi ndôndôǹ »
Ndjé a nôlôh mange,
Mange a yoǹ hiéé, mbus a ntémb yag nyaǹ, nyaǹ a bat nye lè : « ndjé a nkal la we ? »
Mange nye a bat me lè baa di yine hèè
ngôlôǹ a bat nye lè ndi èb nye i homa di yiine ? maan nye me èb nye.
                               Ngôlôn nye man le : lèb hiéé hisi di kènèg.
Mange a lèb hiéé, bo nyaǹ bakè ngwé.
Kôb i kèna bé hilôba libèè, ndjé a tihil. Ndi a koba lè ngôlôǹ bo man wéé ba nkè

L’INDISPENSABLE CONTRIBUTION DES LANGUES MATERNELLES A L’ENSEIGNEMENT

UTILISER CE QUI EST FAMILIER POUR ENSEIGNER 

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Pour nous initier à l’écriture, notamment à la formation des chiffres, nos vieux moniteurs, avaient inventé une méthode ingénieuse qui consistait à nous décrire chaque chiffre en partant de sa forme, par des images des créatures ou des objets correspondant qui nous étaient familiers. Avant même de nous soumettre à l’écriture, nous devrions apprendre par cœur chaque chiffre et le nom de l’objet correspondant à sa forme.
Et sa donnait ceci :

I PÔNA
RESSEMBLE A :
1
YADA
hikoba
Un crochet
2
IBA
Nlop i nkana
Un Hameçon
3
BAA
Mé ma nkôn
Une chenille
4
BINA
Kop i hisoo
un manche de houe
5
BITAN
Ngwén hônd
 une hache et son manche
6
BISAMAL
Hikoda hinyoo
une queue de serpent
7
BISAMBOG
Woo i bayôdô
une patte antérieure de la mante religieuse
8
DJEM
Libag li minkôô
 un rouleau de lianes
9
BÔÔ
Lingôdô
 un têtard
10
DJÔM
HIKOBA NI LITJEE LI KOP
un crochet qu'accole un œuf de la poule


vendredi 24 février 2017

LIKWEE OU LA CIRCONCISION CHEZ LES BASA’A


(MBOMBOG SOM POM)
Le peuple basa’a est un peuple des circoncis. Les basa’a ont une longue tradition de la circoncision.
Chez les Basa’a la circoncision constituait la première épreuve initiatique d’un homme. C’était une épreuve d’endurance de virilité et de machisme ; car pour les Basa’a, dès l’âge de huit ans, le jeune garçon devait pouvoir se faire distinguer de la femme, entre autre, par son aptitude à supporter la douleur. Un homme qui crie sous l’effet de la douleur ou qui pleurniche était assimilable à une femmelette. Le jeune garçon devait donc être préparé psychologiquement et physiquement à faire face à cette épreuve qui devait le faire quitter de la catégorie « de femmes » pour le faire entrer dans la caste des « hommes ».
« Si tu pleures c’est que tu es une femme.
« Voudrais tu qu’on dise de toi que tu n’es qu’une femme ? » 
« Il faut savoir qu’un homme ne pleure »
« Si tu pleures, tu feras honte à ton père et à toute ta famille et les autres garçons diront que tu n’es qu’une fille et t’excluront de leurs milieux »
Il était important pour le jeune garçon, d’affronter la douleur sans crier


L’AGE DE LA CIRCONCISION

Le garçon pouvait facilement attendre 14 ans avant d’être présenté chez le technicien de la circoncision. Pour tout dire le candidat était déjà adolescent au moment où il devrait subir l’opération. La conséquence de cette longue attente était que certains garçons, par peur justement de la douleur, s’échappaient de leurs domiciles et partaient pour toujours afin d’éviter cette épreuve. On a vu des hommes mourir "incirconcis" (NSUDE), CHEZ LES BASA’A, C’ETAIT LE SUMMUM DU RIDICULE. Et quand votre entourage découvrait que vous étiez incirconcis, vous étiez alors la risée de toute la localité les femmes allaient même jusqu’à composer des rengaine de moquerie contre vous. A vrai dire il était préférable d’être esclave, plutôt d’être incirconcis dans un village. Dans certains villages, des quadragénaires ou même encore les plus âgés étaient conduits manu militari à la circoncision

LES TECHNIQUES DE CIRCONCISION CHEZ LES BASA’A

Les techniques de circoncision ont évolué chez les Basa’a, d’une génération à une autre. Dans tous les cas, la circoncision était pratiquée sans anesthésie. Les basa’a considèrent l’anesthésie comme favorisant l’impuissance ou génère, à plus ou môns long terme, des problèmes d’érectilité. Entre autre, la faiblesse sexuelles chez les hommes. Pour une bonne virilité la circoncision devait se pratiquer sans anesthésie.

LA CIRCONCISION SUR LA TOITURE : les circoncisions des Basa’a des générations d’avant la dernière moitié du 20ème siècle étaient pratiquées sur la toiture, au-dessus des cases d’habitation le technicien des circoncisions s’installait sur une toiture, où les candidats à l’opération devaient le rejoindre et redescendaient quand l’opération était achevée.
LA CIRCONCISION AU DESSUS D’UNE PIERRE : de plus en plus, à partir des années 40, la circoncision était pratiquée sur une pierre que le candidat devait utiliser comme siège pendant l’ablation

COMMENT SE DÉROULAIT LA CIRCONCISION CHEZ LES BASS’A ?

 Le candidat s’asseyait sur la prière en maintenant son entrejambe ouvert face au technicien. Le papa de l’enfant, ou un autre membre de sa famille, ou même seulement un assistant, prenait place derrière le jeune garçon et le maintenait solidement appuyé sur sa poitrine.  L’une des caractéristiques d’un technicien des circoncisions, était que l’ongle de son pouce gauche devait être long d’au moins cinq centimètres.
Alors, d’un geste ferme, le technicien, de sa main gauche, entre son pouce et son index, son ongle maintenant fermement le prépuce du pénis, et à l’aide de sa main droite, qui tenait un canif tranchant,  d’un geste vif empreint d’expérience, il procédait à l’ablation du prépuce, dénudant du même coup le gland du pénis.

PANSEMENT ET CICATRISATION

Le premier défi était d’arrêter l’hémorragie ; pour ce faire, l’on induisait la plaie de la terre rouge pétrie. Et, à l’aide d’une feuille de  « hibank » (une espèce de plante épineuse de la forme d’un roseau), on fabriquait une espèce d’entonnoir (voir image), dans lequel on introduisait le pénis du nouveau circoncis en guise de pansement, pansement qu’on maintenait à l’aide d’une corde nouée autour de la taille du malade. Dès le deuxième jour, le jeune garçon devait perpétuellement, passer sa blessure sous la chaleur et la fumée d’un tison, jusqu’à la cicatrisation.

RITUELS LIES A LA CIRCONCISION

Nous reprécisons que la circoncision chez les Basa’a avait un caractère initiatique. Aussi, le jeune initié était-il être entouré d’un certain nombre d’attentions d’une part, et recevait d’autre part, de nombreux cadeaux de ses parents.   
LE BANC DU NOUVEAU CIRCONCIS : du retour de la circoncision, le jeune initié recevait un banc qu’il devait utiliser sans partage, durant sa période de convalescence. Dans la maison, aucune autre personne ne devait s’en servir. Afin d’éviter qu’un visiteur ne s’en serve accidentellement, à chaque fois que le jeune garçon, était tenu, à chaque fois qu’il devait s’élever, le cacher sous un lit.
LE COQ DE LA CIRCONCISION (« KOP LIKWEE) : le jeune garçon recevait de sa maman, un coq comme cadeau. Mais ce coq avait une signification particulière : ce présent, représentait la reconnaissance de la maman que son petit garçon était désormais devenu un homme. Le coq était donc son tout premier repas en tant que mâle car la prochaine étape pour son affirmation en tant due homme était de se marier.  Le coq était également la bénédiction de la maman qui par ce geste, ouvrait une longue route de bons repas pour son fils. Une femme satisfaite est une femme attentionnée. 

mercredi 22 février 2017

I MBUMA: BAIN TRADITIONNEL DE VAPEUR MÉDICALISEE

traitement efficace contre la fièvre et le paludisme, nettoie la peau des impuretés


Image associée



COMPOSITION:
- mbabi djôm
- nwandi tolè tjai di nwandi
- tjai di ben baèmb
- mbabi kôgmot


PRÉPARATION:
Dans une marmite pouvant contenir environ 40 litres
- mélanger écorces et feuilles sans les écraser au préalable,
- ajouter 35 litres d'eau
- marmite hermétiquement fermée, faire bouillir à grand feu pendant 45 - 60 minutes (de préférence sur un feu de bois), de manière à obtenir une rougeâtre.

MODE D’EMPLOI
- Faire passoire le malade sur un banc d'environ 20 cm de hauteur,
- placer la marmite bouillante venant directement du feu, sans l'ouvrir 
- couvrir hermétiquement le malade de la tête aux pieds
- le malade peut alors découvrir la marmite
- rester sous la couverture pendant environ un quart d'heure
- reprendre une fois ou deux maximum 

PRÉCAUTIONS
- Eviter un usage prolongé ou régulier (la vapeur chaude dit-on, diminue le taux des globules rouges) 
 - Ne pas utiliser chez la femme enceinte ou chez les enfants de moins de 5 ans



ACTION:
La peau sous l'effet de la chaleur humide de la vapeur, libère ses impuretés. Grâce à la transpiration, les pores se dilatent et se débarrassent des toxines qui s'y accumulent – particules de pollution, nicotine, résidus de maquillage, détruit les vecteurs du paludisme.

mardi 21 février 2017

DANS LES COUTUMES BASA’A, PAS DE PARADIS NI D'ENFER APRES LA MORT

(Mbombog NOODE MAM)

Le paradis ou jardin d'Éden représente souvent le lieu final où les humains seront récompensés de leur bon comportement. C'est un concept important présenté au début de la Bible, dans le livre de la Genèse.  Il a donc un sens particulier pour les religions abrahamiques.
Dans un sens plus élargi, le concept de paradis est présent dans presque toutes les religions. Les croyants parlent aussi du « royaume de Dieu » qui sera manifesté à la fin du monde. Un concept semblable, le nirvana, existe dans l'hindouisme, le jaïnisme et le bouddhisme, même s'il représente dans ce cas davantage un état spirituel qu'un lieu physique. (Wikipédia)
Par contre, l’enfer est présenté par la religion chrétienne comme le séjour des damnés, le lieu où seront parqués tous les méchants et tous ceux qui auront désobéi à la loi divine.
Chez les Basa’a, l’au-delà, c’est-à-dire, l’après la mort ne scinde pas les morts en deux parties ; voici les explications de Mbombog NOODE MAM, patriarche NDOG SUGA, une des familles de la tribu Basa’a
.
« Nos ancêtres après la mort, sont regroupés en sociétés organisées, avec les mêmes familles et les mêmes relations que de leur vivant. Quand vous mourrez, vous intégrez votre famille celle-ci vous accueille après votre décès, le jour et au moment de l’inhumation. Voilà pourquoi l’inhumation était un moment de recueillement, chez nous, on ne devait ni faire de bruit ni encombrer les abords du tombeau. Votre famille vous accueille dès votre mise sous terre, et fête votre arrivée le quatrième ou le cinquième jour. Mais vos arrières-grand parents, des générations que vous n’avez pas connues ne seront plus là, parce qu’ils seront revenus à la vie. Vous y resterez jusqu’à ce que votre moment de revenir à la vie arrive.
La vie est un éternel recommencement ; pour bien comprendre ce qui se passe après la mort, il suffit d’observer les insectes ; les chenilles par exemple
Il n’y a pas de fécondation entre les chenilles. Chaque espèce de chenille se mue en papillon, en mille-pattes ; seuls les papillons s’accouplent et se fécondent, pondent des œufs d’où naîtront les chenilles, qui se transformeront à nouveau en papillons, ainsi de suite…"

 DU JUGEMENT DERNIER 

"Mais après la mort, il existe un jugement, les mauvaises personnes de leur vivant sont jugées et condamnée. Si vos crimes ont été jugés abominables, alors vous êtes condamnés à revenir sur terre, mais sous la forme d’un animal, d’insecte ou de poisson. Pas d’enfer pour les mauvais, et de paradis pour les bons »

lundi 20 février 2017

SORCELLERIE, JUSTICE MODERNE ET IMPUNITE

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La justice moderne est fondée sur l’expression de la vérité par la manifestation de la preuve. On ne peut condamner un homme que s’il est démontré au moyen des preuves matérielles ou non, irréfutables que ce dernier est coupable de quelque délit. Ne dit-on pas qu’il est mille fois, préférable de laisser un crime impuni que de condamner un innocent ? DANS la pratique, les criminels se débrouillent  pourtant pour laisser le moins de preuves possibles dans les lieux où leurs infractions sont commises. Il revient aux services judiciaires de détecter les preuves et de confondre les délinquants. Il arrive pourtant que dans cet exercice,  l’on condamne malencontreusement un innocent, ou qu’un crime reste impuni. Les prisons regorgent d’innocents, des hommes et des femmes condamnés à purger des peines pour des crimes qu’ils n’ont pas commis. Alors même qu’en absence des preuves ou de témoins oculaires, certains délits restent impunis. Il en est ainsi des forfaits commis de manière occulte à l’abri des regards simples : des crimes dits de sorcellerie.
Chez les Basa’a, tribu du sud du Cameroun, le « lèemb » : « sorcellerie » est une pratique, de l’invisible. C’est un cercle fermé, très hermétiquement fermé. Ici les actes commis restent cachés pour la plus part de la population. La société peut donc subir les méfaits de ses membres qui agissent dans l’obscurité totale en toute quiétude. Ici, la justice moderne, telle que rendue dans nos tribunaux, est impuissante face à un phénomène qui s’en racine dans la tradition et reste du domaine de l’inexplicable, de l’indémontrable, d’autant plus que les preuves nécessaires pour la justice moderne sont inexistantes ou inacceptables. On est donc face à des crimes parfaits commis hors et loin des juridictions modernes. Tout le monde soupçonne leur existence, mais personne pour la prouver ou l’attester. Même l’église qui propose la justice et le pouvoir divins n’a pas pu éradiquer ce phénomène très présent et particulièrement actif dans son milieu.
Certains milieux, notamment intellectuels et scientifiques,  dans l’incapacité de percer la vérité, ont fini par qualifier le « lèemb », « sorcellerie » de mythe. Et pourtant, la sorcellerie est une réalité et bien présente dans nos sociétés. Un phénomène plus proche de nous, agissant en toute impunité, et qui s’est remarquablement développé à la faveur de la déstructuration des sociétés ancestrales qui, elles, proposaient une réponse efficace et appropriée   

COMMENT LES CRIMES DE « LEEMB » ETAIENT-ILS TRAITES CHEZ LES BASA’A ANCIENS?

Les basa’a faisaient appel au ndjég comme bras séculier, pour pourchasser et punir les criminel. Le ndjég était impartial, implacable, le ndjég ne poursuivait que le criminel et ne pouvait se tromper sur l’identité de celui-ci. Il n’y avait donc aucune possibilité que qu’un innocent paie le prix à la place d’un autre. Avec le ndjég, l’erreur judiciaire était impossible.
Le ndjég ne jugeait pas mais se chargeait de repérer le coupable et d’exécuter la sentence qui était généralement la mort, la paralysie d’un ou de plusieurs membres, une maladie incurable jusqu’à confession du crime. Le « ndjég » était une force, un pouvoir, une arme immatérielle agissant sous la forme d’un sort lancé par  Le ndjéndjéga, initié et détenteur des forces occultes.  

DE LA SAISINE DU « NDJENDJEGA »

Pour la saisine du ndjéndjéga,  la première condition est que l’’auteur d’un crime doit être inconnu ou que le présumé coupable, nie toute implication dans un forfait.  Chez les basa’a, quand l’auteur d’un délit est connu, on ne pratique plus le rituel du « ndjég ». Un proverbe Basa’a dit « u yi i ñèmb u yèg habé ndjég » « quand on connaît le criminel, le Ndjég n’est plus nécessaire ».
Dans la pratique, trois personnes peuvent saisir le Ndjéndjéga :
1-      Quand vous êtes accusés à tort d’un crime, vous pouvez choisir de prouver votre innocence en acceptant d’être escorté sous l’arbre sacré du « ndjég », appelé : « yap njég» du retour de cette expédition neuf jours à peine sont parfois nécessaires. Les coupables paient de leurs vies.
2-      Celui ou ceux qui ont perdu un membre de la famille, un objet ou du fait d’un sort maléfique souffre d’un mal inexplicable ou incurable, peut choisir de saisir le ndjéndjéga afin de punir l’auteur.
3-      Le clan qui pour démêler une histoire ou pour punir un délit exécrable, une profanation, pour prévenir un sort ou pour faire respecter une décision, peut ordonner à un « ndjéndjéga » d’utiliser ses artifices pour la manifestation de la vérité, pour protéger les membres du clan pour les contraindre à respecter une décision, ou pour les dissuader à entreprendre quelque action négative pour le bien être du clan

LES DIFFÉRENTS NDJEG EXISTANT CHEZ LES BASA’A :

-          Le yap ndjég
-          Libôg li ndjég
-          Nkaa ndjék
-          Litjèè li kôb
-          Likoñ

-          Libaa li kèmbèl

vendredi 17 février 2017

LA MYTHOLOGIE DU HU ET DE LA SORCELLERIE CHEZ LES BASA’A : ORIGINES DU HU



Les anciens nous racontent l’histoire d’un jeune homme, un jeune prélat qui se présente un matin chez un sorcier et lui dit être venu comprendre ce qu’est la sorcellerie. Le vieux après hésitation le conduit dans une pièce sombre en présence de plusieurs autres personnes et lui demande de fermer les yeux. Le jeune prélat ferme ses yeux et aussitôt reçoit une gifle sur sa joue. Il ouvre aussi tôt les yeux mais n’arrive pas à déceler qui, de toutes ces personnes présentes, était l’auteur de la gifle.
Et le vieux sorcier d’expliquer : « c’est ça la sorcellerie, elle est présente à l’insu des non-initiés, elle se manifeste  sans jamais être visible ». Chez les Basa’a la sorcellerie est donc une science de l’invisible dont seuls les initiés ont l’accès, maîtrise l’organisation, le mode d’emploi et la signification. Pour devenir adepte de ce cercle fermé, l’homme ou la femme doit posséder une espèce d’organe « adventice » appelé  « hu ». Dans ce cercle d’initiés, le don du « hu » d’un initié à un non initié en bas âge, est une première des étapes de son initiation. Cette étape est incontournable. Le « hu » donne à son titulaire des pouvoirs occultes, le pouvoir de voir et de faire ce qui est impossible pour le commun des mortels. Ainsi le titulaire du « hu » à les aptitudes de voyager sans se déplacer, de communiquer avec l’au-delà, de se transformer en oiseau, en serpent, ou en insecte ; ou de prendre le corps et l’aspect physique d’un mort ou d’un autre vivant.  

C’EST QUOI LE HU ?

Le "hu" est un petit animal possédant les apparences d'une chauve souris (voir photo) ; aux dents acérées, aux yeux ardents et vifs. Le « hu » vit, niché dans le ventre de son titulaire. Il permet à celui-ci de se dédoubler et lui donne accès au cercle des sorciers.  La vie du « hu » et celle de son titulaire sont liées et interdépendantes. Celui qui a le « hu » meurt automatiquement dès lors que son organe meurt et inversement. Le  « hu » se nourrit exclusivement de la chaire et du sang. D’avantage du sang humain qu’animal
Chez les basa’a, tous les « hu » ne sont pas maléfiques.

COMMENT LES BASA’A DISTINGUAIENT-ILS LE HU MANGEUR DE LA CHAIRE HUMAINE ET LE HU INOFFENSIF ?

Lorsqu’un homme, de son vivant, était soupçonné d’anthropophagie, à sa mort, le clan ouvrait son ventre à la recherche de la bête. Mais  après avoir démontré que le défunt hébergeait le  « hu » de son vivant, un deuxième examen était nécessaire pour prouver qu’il était mangeur d’hommes. On reconnaissait le « hu » cannibale, par la couleur rouge sang de ses dents et de ses yeux. Dans la mesure où   le « hu » inoffensif a les yeux et les dents claires. Pour lutter contre le « hu » et ses nuisances, seul un autre initié, a le pouvoir de le faire. Chez les basa’a, deux cercles des sorciers se côtoient et se livrent une lutte sans merci.
-          D’un côté Le cercle très puissant des adeptes du mal, « baèmb » ;
-          de l’autre le cercle non moins puissant composé : des voyants « babo ngambi », des guérisseurs  « Bôt ba matibla », des « ndjédjéga » chargés de protéger les innocents en punissant les méchants ; le ndjéndjéga est une espèce de procureur doté des pouvoirs occultes, chargé de combattre la confrérie malfaisante des « bôt ba bihu ». 

L’ORIGINE DU HU CHEZ LES BASA’A

L’histoire nous raconte que, le hu » n’existait pas chez les basa’a ; le « hu » est d’abord apparu chez les « béti » une autre tribu du sud du Cameroun. L’histoire rapporte que, c’est une femme Béti qui ramena cet animal au village. On raconte qu’un jour, une femme alla visiter les piège de son mari c’est alors qu’elle repéra derrière un buisson, un bel animal qu’elle décida non seulement d’épargner la vie ; mais aussi de ramener au village.
« Je veux bien rentrer avec toi, dit la petite bête, mais il faut que je te prévienne : - je ne me nourris que de la chaire ou du sang ; par ailleurs, tu devras me cacher dans un endroit où personne d’autre ne pourra me voir, même pas ton mari, en échange, je te rendrai de nombreux services, te donnerai tout ce que tu désires. Je peux faire de toi la femme la plus puissante  »…
La femme hésite, mais comme elle était éblouie par le charme de l’animal, et surtout dans son désir de dominer le monde, elle décida alors de la ramener à la maison.
Mais où donc garder le petit animal hors de la portée de tous ? C’est ainsi qu’elle prit la résolution d’héberger le petit animal dans son ventre (c’est ici que nait le secret dans cette confrérie).
Très vite la femme est confrontée d’autres problèmes : la femme se rendit compte que la petite bête se multipliait à une vitesse incroyable :
-          comment donc loger toute ces bêtes dans son ventre ?
-          où trouver du sang et de la chaire pour assouvir leur appétit ?
La femme décida alors de se confier à l’une ses amies et celle-ci accepta de prendre une partie des petits animaux, et petit à petit elles finirent par créer un cercle des éleveuses de « hu » ; c’est alors qu’elles décidèrent que, pour nourrir leur abondant élevage, en contre partie des nombreux services que leur offraient ces bêtes, elles allaient assassiner leurs voisins et leurs parents.

C’est ainsi qu’une confrérie des « baèmb » (sorciers mangeurs de la chaire humaines se constitua et se propagea dans tout le sud du Cameroun.

mardi 14 février 2017

SEL I YI (LE PANIER DE LA SAGESSE) OU LA FABLE DE LA TORTUE QUI CROYAIT DÉTENIR LA SAGESE



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("kul" la tortue)

VOICI DONC CE QUI ARRIVA:

Un jour, « kul », la tortue  se rendit  auprès de ses grands-parents maternels pour acquérir de l’intelligence. Ses grands-parents, lui confièrent un panier bourré de l’intelligence. Sur son chemin de retour, « kul » trouva sur son chemin, un vieux baobab tombé et qui lui empêchait de passer. Dépassée, elle se décida de rester auprès de cet arbre jusqu’à son pourrissement total, alors seulement elle pourra traverser.
Voilà que l’écureuil venant à passer par là, trouva la tortue tapie derrière le tronc de l’arbre un panier sur la tête. Bonjour sœurette, mais que fais-tu donc là ? Et que portes-tu sur ta tête ? Je rentre de chez mes grands-parents j’y suis allée pour acquérir de l’intelligence. Ils m’en ont donné un panier plein. Cet arbre m’empêche de passer voilà pourquoi j’attends qu’il pourrisse afin je rentre chez moi ». L’écureuil ricana, et dit « ma bonne amie, certainement que tes grands parents ne t’ont refilé qu’un panier rempli de bêtise ! Pourquoi n’essaies-tu pas monter jusqu’à l’extrémité de l’arbre afin de la contourner, au lieu d’attendre qu’il veuille pourrir un jour ? »  

QUAND ON CROIT DETENIR L’INTELLIGENCE ET LA SAGESSE, ON EST PEUT-ETRE PLUS BETE DES COMMUNS DES MORTELS.


I LENA LE

Kul nyèn a kèè i kob yi ba nyandôm bé. Kiki a pam ba nyandôm, ba ti nye sèl i yi, a bègèl.
Ni ma huu mé a kabo mbôm nkog i djôm i nkwo, i kit nye ndjel. Kul a yi bé kiki a boǹ nyu i la lèl nkog. Djon a yél ha i mbaa i nkog, ni mahoǹ lè i kèl waga bol : a tagbe.
Hisénd a ba kènèg mi hômôg a lo a bèt i ngi ini nkog i djôm, a koba kul a niǹi ni sèl i ngii ǹo.hi sénd a bat nye lè : «A kul kéé ndi u nlôl hèè ? » Kul nyè mè bag banyandôm i kob yi, ma témb mana, ndi mè koba i nkog i héndi ndjèl. Mè m’bèmb lè ini nkog i bol ndi me tagbe. » ; hisénd nyè lè « ndi kii u béga i ngii ǹo ?» mè bag ba nyadôm, ba ti me sél i yi yo ini mè bééga i ǹo. » hisénd nyè a kul kéé « mè hoǹol lè ba nyandôm boǹ ba ha bé wè banga yom mu i sèl yoǹ ; i nyule ki i nsônga wè lè u bèt munu i mbaa nkog nyu i sèmba wo ? »
U YIG U YIG, DJAM LI HAS NDIGI WE.



MUT BITEDEL (CRÉATURE DEBOUT) OU L’HISTOIRE DU ROI LION QUI CROYAIT DOMINER LE MONDE





Ndjé, ancêtre de la famille des lions laissa à sa mort, une prospérité dans laquelle la panthère était  l’aînée et Mbondo ndjé était le benjamin.ce dernier à sa naissance, se fit remarquer par sa brutalité, sa violence, son esprit de suprématie. Son grand frère Panthère regardait ça avec beaucoup d’inquiétude.
Un jour, alors que notre roi de la forêt, était enfermé dans sa folie hégémonique, son grand frère l’appela et lui parla en ces termes. « Petit frère, tu as peut-être dominé l’espèce à quatre pattes. Mais de grâce, ne te crois pas invincible. Derrière ce Grand arbre là-bas, se trouve un chemin qu'emprunte une créature à deux pieds qui marche débout (l’homme), je t’en supplie au nom de tout ce qui nous est très cher, je t’en conjure, ne t’aventure pas par là-bas et surtout ne t’attaque pas à cette créature ».
A ces mots, son petit frère se mit en une telle colère que la panthère en fût effrayée.  « Tu vas m’y conduire tout de suite, ordonna le jeune monarque, tu dois me montrer cette créature qui oserait me défier et me tenir tête »
La panthère tout effrayée fut contrainte de conduire son insolent de frère au pied du grand arbre.
Les voici tapis derrière un buisson, guettant tout mouvement en provenance de la piste. Ils ne s’y trouvaient pas depuis longtemps, qu’ils aperçurent une vieille femme toute tremblante, qui allait chercher de l’eau au margot, le lion s’apprêtait à lui sauter dessus, quand la panthère, lui tapotant sur l’épaule, en disant « attention, celui-ci était, mais n’est plus ; prends patience ». Quelque temps plus tard, ils virent venir vers eux, un tout petit  garçon,  le lion s‘apprêtait à sauter quand la panthère lui dit : « non celui-là sera, mais il n’est pas encore ; sois patient »
Au bout d’un temps qui leur sembla interminable, ils virent un homme mal, superbe et tout arrogant, armé d’un fusil, qui allait en sifflotant, à la chasse. La panthère lui indiqua, voici ton égal, mais de grâce, laisse-moi d’abord m’éloigner ».
La panthère s’éclipsa.
Le lion s’apprêta à bondir, mais le chasseur très attentif et habile ; avait déjà repéré le jeune lion, épaula son arme et tira, le pauvre arrogant s’écroula, foudroyé par la décharge de la chevrotine.

POUR VIVRE LONGTEMPS, IL FAUT TOUJOURS ECOUTER LE CONSEIL DES ADULTES.

lundi 13 février 2017

NTJAGA MAEA OU L’AUTOPSIE DES CAUSES PROBABLES DE LA MORT CHEZ LES BASA’A



MINYEM MI NDJE PATRIARCHIE NDOG SUGA


POURQUOI LE NTJAGA MAEA

De tous les temps et dans toutes les sociétés humaines, la cause de la mort a toujours préoccupé les proches. Si dans les sociétés dites modernes, les causes d’un décès peuvent être recherchées par des méthodes dites scientifiques par l’examen du cadavre avec l’assistance  plus ou moins de la technologie, la société ancienne Basa’a procédait par le « Ntjaga maéa »

LES RAISONS DU NTJAGA MAEA

Les basa’a étaient convaincus que les causes qui peuvent conduire à la mort d’un homme, sont essentiellement liées à son entourage et à la qualité des relations qu’il entretenait avec celui-ci. L’homme bénéficie de tout temps,  de son vivant, des solides espérances qu’il a dû confier à certains de ses proches, espérances qui lui offrent un sentiment de sécurité et de confiance pouvant le permettre de se confier en toute quiétude, de se rassurer. Cette catégorie de personnes est constituée par un cercle d’hommes ou de femmes qui lui sont proches, d’amis et parents. Par contre, il doit tout aussi faire face à des rivalités, à des querelles intestines qui peuvent fragiliser le cours de son existence ou même qui peuvent l’exposer à la mort.
Le ntjaga maéa est donc une sorte d’enquête que la communauté met en place après la perte d’un de ses membres. Il ne s’agit pas très souvent de s’interroger sur le « comment » de la mort, mais surtout d’inventorier les « pourquoi » de celle-ci. Car, quel que soit le « comment », c’est le « pourquoi » et le « par qui », qui intéressent l’entourage du défunt.
Les Basa’a classent les causes, autrement dit les raisons qui conduisent à la mort en trois catégories :
Le « Tam nyemb » (la mort est donnée par une tierce personne, quelle que soit la raison)
Le « Toǹ nyemb » (c’est le défunt qui a provoqué sa propre mort)
Le « Nyemb nyemb » (les basa’a savent que la fin de la vie est la mort ; il s’agit, ici, de mort naturelle°

Peu avant l’inhumation, et sous la présidence du Mbombog qu’entourent les membres du clan et le collège des anciens de la communauté, parents et amis du défunt, les groupes de parents de celui-ci prennent la parole pour exposer certains aspects de sa vie qui étaient restés jusque-là plus ou moins cachés. Au cours de ces exposés, la biographie et la généalogie du défunt sont présentées, révélant, ainsi,  ses défauts, son adversité, sa personnalité, ses appréhensions dans la vie, ses confidences, ses œuvres, sa descendance, sa succession…
C’est la confrontation   et l’analyse de ces exposés qui permettent au clan de déceler avec plus ou moins de certitude ce qui aurait pu provoquer le décès du défunt. Trois cas de figure peuvent impérativement se présenter :
  •      La responsabilité de la mort peut être attribuée à des méchants (Tam nyemb)
  •      Le défunt, de par son attitude, de son tempérament, de ses penchants, de ses défauts, peut avoir provoqué sa propre mort, (Toǹ nyemb)
  • ·        Ou que les causes de la mort sont naturelles. (Nyemb Nyemb)


QUI PEUT INTERVENIR LORS DU NTJAGA MAEA ?

Le ntjaga maéa est un exercice très organisé et techniquement réservé à une catégorie de personnes. Il ne s’agit pas ou n’est pas permis à n’importe qui de prendre la parole, et de raconter n’importe quoi. Les seules personnes ou groupe de personnes qui peuvent prendre la parole sont, par ordre d’intervention :

1-    BABOT

Babot (les ascendants) ce sont les oncles maternels si le défunt est un homme, ou ses parents biologiques, quand il s’agit d’une femme épouse d’un membre du clan. Chez les Basa’a, c’est ce groupe de personnes qui commence obligatoirement le ntjaga maéa (« ba m’bol liwo, c’est-à-dire qui ouvrent le deuil »), chez les Ndôg Suga par exemple, aucune autre personne ne doit et ne peut prendre la parole tant que les « babot » n’ont pas encore intervenu.
Chez les Basa’a, les géniteurs occupent une place de choix dans la vie d’un homme. Les analystes de la généalogie Basa’a soutiennent qu’un homme appartient obligatoirement à deux clans : le clan de son père auquel il appartient au quotidien et de droit, et celui de sa mère dont il est originaire. Du temps de nos parents, un homme avait des droits importants auprès de ses grands-parents maternels.
C’est donc une famille à laquelle on accorde une très grande confiance, nos mésaventures, nos rêves, nos conflits avec notre famille biologique (celle de notre père) nous amènent régulièrement à venir prendre conseil ou à nous confier à nos grands-parents maternels. Ceux-ci sont, de ce fait, considérés chez les Basa’a comme des confidents importants si non les plus importants du défunt. Par ailleurs qui mieux que les oncles maternels peut avec pertinence et détermination, vouloir venger la mort d’un homme, si celle-ci leur semblait suspecte ? 

2-    BAYANDOM (les neveux de la famille du défunt)

Le basa’a entretient des relations de famille les plus larges possibles. Ainsi, nos tantes paternelles ont fondé des familles ailleurs et leurs enfants, nos cousins, prennent part à toutes les activités de leurs grands-parents ce qui les donnent un privilège absolu sur la résolution d’un nombre important des problèmes nés dans leurs familles maternelles.
Il faut aussi ajouter que, entre cousins, naissent souvent de solides relations de confiance et de confidence qui font en sorte que, L’HOMME SE CONFIE PLUS AU FILS DE SA TANTE QU’A SES ONCLES OU COUSINS PATERNELS. Par ailleurs lors des obsèques traditionnelles chez les Basa’a, les « BANYANDÔM » jouent le rôle de gendarmes. Veillant à ce que l’organisation soit 
parfaite, et les rites scrupuleusement respectés.

3-    LÔG NYAṄ ou les cousins du côté maternel
Le défunt peut avoir tissé des relations de confiance très profondes avec ses cousins du côté maternel (les enfants des tantes maternelles. Ceux-ci sont donc autorisés à prendre la parole lors du Ntjaga maéa.

4-    BIYINA (Les amis et connaissances).

Cette catégorie de personnes composée des belles familles, des copains, des amis et autres relations, ne peuvent être autorisées à prendre la parole que s’ils détiennent une confidence ou un renseignement concernant le défunt qu’ils entendent partager avec le clan. Pendant que nous vivons, nous créons de solides liens d’amitié avec des hommes et des femmes avec qui nous n’avons aucun lien de parenté ; il nous arrive donc par conséquent à nous confier à nos amis et relations ; les renseignements intéressants peuvent donc provenir de cette catégorie de personnes. Toutefois, Ils ne peuvent en aucun cas, demander la cause de la mort du défunt, car Chez les Basa’a, « Nkil a nkab be bum »

5-    LON (le clan ou la grande famille)

Nous naissons, grandissons au milieu d’une grande famille par laquelle nous nous identifions et donc on est membre. Lors des obsèques, chez les Basa’a, c’est au Loñ (c’est un mini état), qu’incombe la responsabilité d’étudier et de se prononcer sur les causes et les circonstances du décès de l’un de ses membres. Il revient donc au clan de d’analyser les probabilités qui auraient  pu conduire le défunt à la mort. Voilà pourquoi, le clan va interroger le chef de famille sur certains aspects de la vie du défunt. Encore que, étant donné que le défunt a vécu dans ce milieu, le clan dispose de suffisamment d’informations  concernant le défunt : ses déboires, ses conflits, ses difficultés dans la vie…
C’est le clan qui clôture la phase du Ntjaga maéa ; après son intervention, personne d’autre ne peut plus prendre la parole.


En résumé, le Ntjaga maéa lors des obsèques d’un de nos membres est d’une importance cruciale il sert à :
  • -         S’interroger sur les causes probables de la mort
  • -         Les raisons qui auraient motivé le décès
  • -         Retracer la parenté du défunt
  • -         éventuellement pour être fixé sur les dernières volontés du défunt sur ses engagements avec son entourage